Disposer une trentaine de caméras dans les points stratégiques de Forcalquier, c’est l’une des promesses de campagne que le maire s’emploie à mettre en œuvre dans les semaines à venir. Peut-être pensez-vous que cela vous protègera des cambrioleurs et des agressions ? Vous estimez peut-être aussi que, « si l’on a rien à se reprocher », ce n’est pas gênant ?
Cet engouement pour la vidéosurveillance n’est pas propre à Forcalquier, il est national et se produit en particulier à l’occasion des campagnes électorales. La promesse d’équiper une commune se pare alors du doux nom de vidéoprotection et les subsides de l’état sont généreux. Les forcalquiérains savent que « ça sert d’abord à faire élire un maire »1, en jouant sur un sentiment d’insécurité, voire en le provoquant. Aujourd’hui c’est 10 caméras qui sont en cours d’installation. Avec le système d’enregistrement et de contrôle, et l’entretien, il en coûtera 96 000 € dont 20 000 € à la charge des finances locales et le reste en subventions de l’état. Le maire compte sur un « effet dissuasif » de la pancarte en entrée de ville : « Ville sous vidéoprotection ». Dissuasif il est vrai, mais pour qui ?
Il y a fort peu de chances en effet que votre domicile soit justement placé sous l’œil d’une caméra : il faudrait des centaines de caméras pour couvrir la ville et pour éventuellement « protéger » d’une entrée intrusive ; il faudrait aussi plusieurs opérateurs assignés en permanence à l’observation des écrans et des personnels policiers prêts à intervenir en quelques minutes. Même dans les villes les plus couvertes de caméras, la « protection » (empêcher un délit avant qu’il ne se produise), cela n’arrive jamais. Certes, contrôler par enregistrement les accès de ville pourrait permettre de repérer certaines entrées et sorties douteuses de la ville… sauf pour ceux qui connaissent des chemins détournés, et sauf pour ceux… qui vivent ici. Et si cette surveillance peut éventuellement aider à élucider quelques affaires, elle ne peut sûrement pas à les empêcher.
De fait, en France, moins de 3% des affaires de délinquance ont pu être élucidées, après coup, grâce un système de caméras (ref) et les villes les mieux « vidéoprotégées » sont loin d’être les plus sûres. Enfin Forcalquier est loin d’être une ville dangereuse si l’on en croit les statistiques de 2019, fournies par la gendarmerie, toutes en baisse (La Provence). C’est une réalité pragmatique, quoiqu’en dise le candidat David Géhant à la veille des élections municipales de 2020, dans une lettre adressée aux personnes âgées, lorsqu’il évoquait pour notre ville une « hausse de 53% en moyenne de la délinquance et des incivilités » sans préciser ni la source de ce pourcentage, ni la période considérée, ni à quoi correspond cette « moyenne ».
Et pourtant Forcalquier va engager cette dépense. Selon les propos du maire dans HPI, le coût total de l’opération serait de 96 000 euros, avec 20 000 euros environ à la charge des finances locales. Depuis quelques années, l’Etat couvre en effet environ 80% des coûts de l’installation des caméras, partout en France, avec des marchés souvent opaques et des prestataires aux aguets. Ce sont bien les finances publiques -nos impôts- qui sont concernés puisque de nombreuses communes de France ont engagé la même démarche que Forcalquier.
OC
1 Laurent Mucchielli ITW https://www.armand-colin.com/itw-video-avec-laurent-mucchielli-vous-etes-filmes
Les lundis matin entre 10 h et 12 h, au 14 de la rue Grande, la porte à gauche de l’entrée du musée.
Retrouvez ci-dessous l’ensemble des tracts envoyés aux forcalquiérennes et forcalquiérens.